Les réactions suscitées par la décision du Conseil d’État de confirmer l’obligation pour la mairie de Ploërmel de retirer la croix surplombant une statue de Jean Paul II installée sur une place publique, me fait réagir.
Sur un réseau social, je lis : « Une nation qui veut faire table rase de son passé est une nation en perdition. » Bien au contraire, c’est faire preuve de modernité que de s’être débarrassé de plusieurs siècles d’obscurantisme – grâce, notamment, à la loi de 1905 -, et d’être l’un des pays les moins « religieux » au monde.
De nos jours, un nouveau-né sur trois seulement est baptisé en France. Peut-on considérer que leurs parents sont catholiques s’ils ne baptisent pas leurs enfants, même si eux-mêmes ont été baptisés ?
Depuis près de quatre décennies, le pourcentage de baptisés décroît de manière très régulière : 1,3 % de moins chaque année. Au rythme actuel, il n’y aura quasiment plus de baptêmes en 2040.Les athées et agnostiques sont aujourd’hui majoritaires en France.
« À quand le dynamitage des clochers d’églises ? » – « Bientôt en Bretagne, il faudra retirer toutes ces croix de monuments aux morts en granit situés dans nos petits villages et ces croix au bord des petits chemins dans nos campagnes .… ».
Pas du tout, l’article 28 de la loi de 1905 est clair là dessus : « Il est interdit, à l’avenir, d’élever ou d’apposer aucun signe ou emblème religieux sur les monuments publics ou en quelque emplacement public que ce soit, à l’exception des édifices servant au culte, des terrains de sépulture dans les cimetières, des monuments funéraires, ainsi que des musées ou expositions. » Les monuments aux morts font partie des exceptions. Quant aux clochers d’églises et aux croix de chemins, elles ont été érigées avant 1905 et font partie du patrimoine… contrairement à la statue de Ploërmel.
Car contrairement à ce qu’écrivent certains, la laïcité n’a pas pour mission de détruire le patrimoine culturel et artistique de la France. L’architecture chrétienne est remarquable et protégée. Et il ne faut pas confondre patrimoine et tradition. Les traditions ne sont pas pérennes, bien heureusement. Sinon, nous serions encore au Moyen Âge.