Marguerite Urvois (1737-1804)

Marguerite URVOAS, sextisaïeule de mon épouse, est née au village de Quillimerien en Plouzané. Elle a été baptisée le 12 mai 1737. Ses parents, François URVOAS et Françoise CONAN, étaient originaires de Guerlesquin. Lorsqu’ils se sont installés à Quillimerien, entre octobre 1733 et mai 1737, le couple avait déjà un garçon, Paul, né sept ans avant Marguerite. Le 6 février 1740, un nouveau-né, appelé Jean, a lui aussi été baptisé à Plouzané. Cependant, moins de quatre ans plus tard, la famille était de retour à Guerlesquin, au hameau de Kerfoën, plus exactement. Le baptême de l’enfant suivant, François, le 29 février 1744, en atteste. Qu’est donc venue faire la famille URVOAS à Quillimerien entre ~1735 et ~1742 ?

On notera au passage que j’ai écrit URVOAS, qui signifie ‘héritier’ en breton, comme patronyme pour cette famille. En réalité, l’orthographe a beaucoup varié d’un acte à l’autre, y compris pour une même personne. Ainsi, dans la base du Centre Généalogique du Finistère, j’ai trouvé URVOAZ pour le baptême de Marguerite, HUNVOA lors de son mariage et LE HUNVOA sur son acte de sépulture. Pour son père, j’ai trouvé UNVOAS sur les actes de baptême et sépulture, UNVOIS pour son premier mariage et HUNVOIS pour son second mariage. J’ai rarement trouvé une aussi grande diversité pour un patronyme, dans mes recherches généalogiques.

Bien que situé à moins de 1500 mètres de l’église paroissiale de Saint-Renan, le hameau de Quillimerien était rattaché à la paroisse, puis à la commune de Plouzané, pendant des siècles. On notera que le hameau de Quillimerien est situé à 4,5 km du bourg de Plouzané. Ce n’est qu’en 1955 qu’il a été rattaché à la commune de Saint-Renan.

quillimerien

Cadastre Napoléonien 1842 – Nord de Plouzané
Le hameau de Quillimerien se trouve au centre de l’image ci-dessus

Comme écrit Gérard Cissé dans son ouvrage « Les lépreux et les kakouz de Quillimerien »: le hameau ne laisse pas indifférent : la rumeur fait état que vivaient là, il y a bien longtemps une colonie de lépreux. Bien que la lèpre ait disparue de nos contrées, il y a plusieurs siècles, les gens qui vivaient à Quillimerien étaient toujours considérés comme des parias au début du XXème siècle. On peut imaginer que cela devait être pire au XVIIIème, à l’époque de Marguerite et de ses parents.

Un mandement de la 1475, de la chancellerie de Bretagne signé de François II, défendait aux lépreux d’exercer d’autres métiers que ceux de cordier ou de tonnelier. Le qualificatif de cacous (kakouz en breton) autrefois utilisé pour désigner les lépreux, perdurera par la suite, pour désigner les cordiers et tonneliers. Ces restrictions étaient justifiées par le fait qu’en ces temps, les matériaux en bois et cordages étaient réputés mauvais conducteurs de la lèpre.

La profession de François URVOAS n’est pas connue avec certitude : elle ne figure pas dans les actes BMS. Les professions ne sont apparues systématiquement, que dans les actes d’état civil, après la Révolution. On remarque alors, sur les actes de décès des petits-enfants de François – ou sur les actes de naissance des enfants de ceux-ci -, que la plupart étaient cordiers : François et Jean-François KERHARO, fils de Marguerite, par exemple.

Le frère aîné de Marguerite, Paul, est décédé à Lambézellec (glacis) en 1781, à l’âge de 51 ans. Etait-il, lui aussi, cordier ? Son fils François, décédé en 1830 à Guerlesquin, l’était. Bien que relégués par la société, les cordiers étaient indispensables à la Marine. Il se peut que Paul ait travaillé pour elle.