Journalisme d’investigation

Le jour où sort l’affaire des Paradise Papers, on apprend que Ferrero aurait changé sa recette du Nutella. Ça c’est du journalisme d’investigation !! Sud-Ouest, Ouest-France, Le Dauphiné Libéré, BFMTV, L’Obs, La Provence, La Voix du Nord,.., rapportent aujourd’hui ce scandale sur leurs sites respectifs. Il a été révélé suite à une enquête effectuée par une association de consommateurs allemands.

Certains média prennent des précautions. Ils emploient le conditionnel ou posent la question : « Ferrero aurait-il changé sa recette ?« . D’autres sont catégoriques : « Ferrero a changé sa recette« . Continuer la lecture

La loi de 1905 et les monuments religieux

Les réactions suscitées par la décision du Conseil d’État de confirmer l’obligation pour la mairie de Ploërmel de retirer la croix surplombant une statue de Jean Paul II installée sur une place publique, me fait réagir.

Sur un réseau social, je lis : « Une nation qui veut faire table rase de son passé est une nation en perdition. » Bien au contraire, c’est faire preuve de modernité que de s’être débarrassé de plusieurs siècles d’obscurantisme – grâce, notamment, à la loi de 1905 -, et d’être l’un des pays les moins « religieux » au monde. Continuer la lecture

Jack Aubrey et la presqu’île de Crozon

De retour d’une balade faite aujourd’hui dans la presqu’île de Crozon, je me remémore ce que m’a appris Neroman, autre chercheur de la Chouette d’Or, il y a quelques jours : une scène du septième tome des Aubreyades de Patrick O’Brian se déroule dans les parages. A la suite d’une tempête, le navire anglais Ariel, commandé par Jack Aubrey, est pris en tenaille entre deux rangées de hauts fonds.

A noter que les premiers tomes des Aubreyades ont été portés à l’écran par Peter Weir dans l’excellent film Master et Commander : de l’autre côté du monde. Russel Crowe joue le rôle du commandant Jack Aubrey.

Malgré un nom qui semble avoir été inventé par l’auteur du roman (Gripes Bay), la description du lieu de l’action est tellement détaillée que l’on peut la situer aisément. Dans la traduction française, il est écrit : Continuer la lecture

Une cousine « américaine » de ma grand-mère paternelle

Annette Kerjean, née en 1901 au Relecq-Kerhuon, s’est mariée en 1919 à un soldat américain stationné à l’hôpital n°65 situé aux Sables Rouges, dans l’ouest de la commune. Des recherches m’ont permis de retrouver les descendants d’Annette et de son mari, aux États-Unis, ainsi que ceux de ses frères et sœurs restés en France. Les informations et photos collectées auprès des membres de la famille, font l’objet d’une page Web sur le présent site.

A l’occasion du 100ème anniversaire de l’arrivée des soldats américains, venus en France combattre les allemands, il est louable de célébrer leur mémoire.

J’aurais aimé trouver des lettres d’Annette à sa famille, racontant sa vie aux États-Unis. Malheureusement, cela n’a pas été possible.

La santé de la femme… il y a cent ans

Faisant du rangement dans ma bibliothèque, je suis tombé sur un livre de médecine datant de 1928 et ayant été trouvé dans un grenier il y a quelques années. Écrit par le docteur Ernest Monin (1856-1928), il est intitulé « La santé de la femme ». Ce docteur de la faculté de médecine de Paris, a été aussi journaliste et membre d’un club littéraire. Il a écrit plus d’une quarantaine d’ouvrages sur l’hygiène, les maladies et la santé en général. Certains, tel l’Hygiène des sexes, ont fait l’objet de nombreuses éditions.

Je vous laisse découvrir, sur le site de la BNF, si vous avez le temps, les écrits de ce bon docteur. Je vous conseille L’Hygiène des sexes, et notamment les passages sur l’onanisme, ainsi que le chapitre XI consacré à la natalité en France. Extrait de ce dernier : « Cet affaiblissement [de la fécondité] n’est-il pas le plus grand obstacle à notre prépondérance militaire, au relèvement de notre industrie, à notre expansion coloniale ? ». Continuer la lecture

Pour ou contre Linky ?

Le compteur Linky

Les compteurs Linky arrivent dans ma commune ! Les miens – au pluriel parce que je suis aussi producteur d’électricité photovoltaïque -, on été installés il y a deux jours. Suite à la polémique que suscitent ces compteurs, j’ai voulu en savoir plus. J’ai donc fureté sur le Web, analysé soigneusement les arguments des uns et des autres, et fait la synthèse sur une page du présent blog. J’ai aussi écrit un compte rendu sur la manière dont s’est passée mon installation.

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Le Finistère, il y a seulement 130 ans…

Extrait du rapport de Henri Monod (1892), Directeur de l’assistance et de l’hygiène publique au Ministère de l’Intérieur, ancien préfet du Finistère : Le choléra – Histoire d’une épidémie – Finistère (1885-1886). L’intégralité du document peut être téléchargée sur le site de la BNF :

« Le Finistère offre au statisticien un spectacle singulier. On y rencontre les extrêmes. C’est un des trois départements où la mortalité est la plus élevée (1), et un des trois où l’excédent des naissances sur les décès est le plus fort (2). Nulle part la misère n’est plus grande et nulle part elle n’est supportée avec plus d’insouciance, je dirais presque d’inconscience. Les secours médicaux y sont rares ; les habitants en éprouvent peu le besoin ; un grand nombre naissent, vivent, meurent, sont enterrés sans l’approche d’un médecin. L’hygiène publique ou privée y est inconnue. L’ivrognerie y est répandue, même parmi les femmes. Et c’est une contrée si attachante, la race y possède des qualités si fortes et si nobles, la nature s’y montre avec un tel caractère de sauvage ou de mélancolique poésie que ceux qui l’ont une fois habitée ne l’oublient pas et gardent à jamais au cœur le désir de la revoir…

(1) Derrière les Bouches-du-Rhône, en 1885
(2) Derrière la Corse et le Pas-de-Calais en 1889 Continuer la lecture

Des monstres dans nos jardins…

C’est fou ce que la photographie numérique nous permet de faire aujourd’hui. Au mois de juin, j’ai photographié l’insecte ci-contre sur un rhododendron du jardin. J’avais laissé la photo de côté jusqu’à ces jours-ci. Cherchant à identifier l’animal, j’ai commencé par poster un message sur un forum dédié aux insectes. Le temps qu’un administrateur valide mon message, j’ai eu l’idée de tester une recherche Google par l’image (il faut cliquer sur le petit appareil photo avant d’entrer l’adresse de l’image pour laquelle on cherche des images similaires).

Le résultat ne s’est pas fait attendre. Parmi les centaines de photos d’insectes affichées, j’en trouve quelques unes qui correspondent. Je lis mécoptère sur l’une, scorpionfly sur une autre. Une recherche par mots me permet maintenant d’identifier l’insecte avec plus de précision.

Il s’agit d’une panorpe femelle, panorpa communis plus exactement : la plus commune des espèces de panorpe en Europe occidentale. La panorpe est appelée aussi mouche scorpion car le mâle présente un abdomen relevé faisant penser à une queue de scorpion. C’est un insecte carnivore se nourrissant d’autres insectes et notamment de mouches.

Sismicité en Finistère

A l’occasion du tremblement de terre qui s’est produit dans le nord du Finistère, hier soir (11 décembre 2016 à 22:27 locales), je me rends compte qu’il n’est pas facile de s’y retrouver parmi les différents réseaux d’observation de la sismicité en France métropolitaine. Il existe en réalité, deux réseaux principaux de stations – du moins pour ce qui est de la surveillance des séismes en temps réel :

Réseau RéNaSS (2016)

1. Le Réseau National de Surveillance Sismique (RéNaSS). Il se compose de 73 stations courte période, réparties sur l’ensemble du territoire métropolitain avec, en principe, une densification dans les régions sismiquement actives. Le site central du RéNaSS est situé à l’Ecole et Observatoire des Sciences de la Terre de l’Université de Strasbourg. Le centre est en charge de la localisation quotidienne (jours ouvrés) de la sismicité enregistrée, ainsi que la gestion des données associées. L’évolution du RéNaSS, notamment pour la partie instrumentale, s’insère dans la Très Grande Infrastructure de Recherche RESIF (Réseau Sismologique et géodésique Français). Sur le site Web de RESIF, les événements les plus récents datent d’il y a 3 semaines.Il n’est donc pas pertinent pour le temps réel. En France métropolitaine, le réseau RESIF est composé de 79 stations dont une quarantaine de stations courte période du réseau RéNaSS. Le RESIF ne dispose que de deux stations dans le grand ouest : Camaret (CAMF – Le capteur se trouve dans un blockhaus au musée mémorial de la Pointe de Pen Hir), et Rennes (RENF). La station de Lopérec (BST) ne semble plus opérationnelle.

Réseau du CEA

2. Le réseau du Laboratoire de Détection et de Géophysique (LDG) du Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). Il se compose d’une quarantaine de stations transmettant leurs données en temps réel. Seules trois de ces stations sont implantées en Bretagne : Rostrenen (ROSF), Quistinic (QUIF) et Saint-Gilles-du-Mené (SGMF). A travers son laboratoire de Surveillance Géophysique Opérationnelle (LSGO) créé en 2013, le CEA/LDG a officiellement, et entre autres, la responsabilité de la surveillance de la sismicité en France métropolitaine, et notamment des alertes.

Grâce à leurs réseaux respectifs, le RéNaSS et le CEA/LDG mettent à disposition sur le Web les données de séismes calculées automatiquement. Pour un séisme donné, les positions peuvent être éloignées les unes des autres. En général, la presse fait écho du lieu indiqué en automatique par le CEA : Pencran pour le séisme de magnitude 3,2 du 8 décembre, Le Drennec pour celui de magnitude 4,0 du 11 décembre. Ces positions sont peu précises en raison de la faible densité de stations d’observation dans notre région (voir ci-dessus).

Carte des séismes des 28 novembre,
8 et 11 décembre 2016 (source RéNaSS)

Quelques heures (ou quelques jours) plus tard les calculs sont affinés par des sismologues. C’est ainsi que sur le site du RéNaSS, on peut voir aujourd’hui que les deux derniers séismes se sont produits à peu près au même endroit, à environ 4/5 km au large de Portsall. Le point orange, un peu plus au sud, correspond au séisme de magnitude 2,2 du 28 novembre. On notera que le séisme, de magnitude 2,9 de vendredi (9 décembre) près du Folgoët, rapporté par les médias, n’a semble-t-il pas été pris en compte par le RéNaSS alors qu’il figure sur le site du CEA/LDG (affaire à suivre).

Des informations sont également reprises sur le site du Bureau Central Sismologique Français (BCSF). Celui-ci, organisme de tutelle du RESIF, a pour mission de collecter les observations sismologiques relatives à la France et de faciliter leur diffusion. Les internautes sont invités à témoigner de leurs ressentis lors d’un séisme, sur le site du BCSF. Le BCSF publie régulièrement un catalogue de sismicité basé sur les données du RéNaSS et du CEA-LDG.

Au niveau Européen, les informations sismiques sont collectées par le Centre Sismologique Euro-Méditerranéen (EMSC), créé en 1975 et hébergé actuellement au CEA/LDG. Au moment où j’écris ces lignes, les données du séisme de dimanche ne semblent pas à jour sur le site de l’EMSC.

Énergie et corps humain

Importance relative des sources d’énergie d’un athlète en fonction de la durée de l’effort (source : SporTech)

Jeux olympiques obligent, intéressons-nous un peu à l’énergie dépensée par les athlètes dans leurs performances. Les physiologistes distinguent trois sources d’énergie :

  • une source anaérobie alactique (pour moins de 30 secondes d’effort) ;
  • une source anaérobie lactique (pour moins de 3 minutes d’effort) et
  • une source aérobie (pour plus de 3 minutes d’effort).

Comme le montre le schéma ci-dessus, les trois sources fonctionnent en parallèle à des degrés divers.

Comme tous les animaux, les êtres humains trouvent l’énergie nécessaire à la vie, dans la nourriture. Celle-ci est stockée sous forme de sucres. Les aliments sont notre carburant, l’oxygène que nous respirons sert de comburant (cf. Les explorateurs de l’énergie).

L’énergie produite par le corps humain sert, au minimum, à maintenir la température du corps à environ 37°C et à faire fonctionner les organes essentiels à la vie (cœur, reins, cerveau…). C’est le métabolisme de base.

L’article de la Wikipedia sur le sujet nous donne des formules dont celles de Black et al. (1996), qui font référence pour calculer le métabolisme de base  :

  • Femmes : MB = 0,963.P0,48.T0,50.A-0,13
  • Hommes : MB = 1,063.P0,48.T0,50.A-0,13

Où : MB est le métabolisme de base en mégajoules (MJ), P est la masse en kilogrammes, T est la taille en mètres et A est l’âge en années

Ainsi, le métabolisme de base d’un homme de 60 ans, mesurant 1,76 m et pesant 85 kg s’élève à 7175 kJ/jour. Celui d’une femme de 35 ans, mesurant 1,66 m et pesant 70 kg s’élève à 6000 kJ/jour. Ces valeurs correspondent respectivement à des puissances moyennes de 83,0 et 69,4 watts. A comparer avec une ampoule électrique à incandescence.

Au delà du métabolisme de base, tout effort effectué grâce aux contractions musculaires, nécessite aussi de l’énergie.

Usain Bolt lors des championnats du monde d’athlétisme à Berlin en 2009
Photo Erik van Leeuwen (GDFL)

Une étude intéressante, réalisée à l’Université de Mexico en 2013, a montré que Usain Bolt avait produit une force horizontale constante de 815,8 N (proche de son poids), lors de son record du monde en 2009 à Berlin (en 9,58 secondes).

Cette force lui est nécessaire pour accélérer dans les premiers mètres (l’énergie cinétique augmente), ainsi que pour lutter contre le frottement avec le sol et résistance de l’air, tout au long de la course. Le frottement avec est proportionnel à la vitesse de l’athlète. En l’absence de vent, la résistance de l’air est proportionnelle au carré de sa vitesse.

L’athlète a donc produit une énergie totale égale à 81,58 kJ, soit une puissance moyenne de 81580/9,58 = 8516 watts pendant les 9,58 secondes. L’étude a montré d’autre part que 7,8% seulement de cette énergie ont été consacrés à son déplacement. Le reste (92,2%) s’est dissipé en frottements (sol et air). Quel gâchis !

Enfin, l’étude a montré aussi que la puissance nécessaire pour lutter contre la résistance de l’air représentait environ 11% de la puissance nécessaire pour lutter contre tous les frottements, une fois la vitesse de l’athlète stabilisée (12,15 m/s).

Il va de soit que la majeure partie de la source d’énergie d’Usain Bolt lors des 100 m, est de nature anaérobie alactique.

Dans un prochain article, nous nous intéresserons aux cyclistes.